LE MATIN : Rabat est la seule ville ayant un statut spécial. La gestion déléguée est gérée aussi bien par le Conseil que par la wilaya. Quel regard portez-vous sur cette situation ? Madani Abdelmouniim:
En effet, Rabat est la seule ville ayant un statut spécial. Cela dit, le dossier de gestion délégué des déchets est géré par deux instances à savoir le Conseil de la ville et la wilaya. Cette réglementation n'existe dans aucune autre ville du Royaume. Dans les autres régions, la municipalité remplit cette mission à elle seule. A Rabat, la wilaya dispose d'attributions de nature budgétaires et financières. Ce statut confère donc à la wilaya exclusivement le pouvoir d'infliger des pénalités aux sociétés délégataires en cas de non-respect du cahier des charges signé avec le conseil de la ville.
Le conseil est chargé, quant à lui, d'établir les procès-verbaux des infractions à travers ses contrôleurs (des agents commissionnés) et de les envoyer à la wilaya. Il faut souligner que la wilaya a saisi son rôle coercitif dernièrement en appliquant des pénalités aux réfractaires ce qui a contribué à redresser relativement la situation.
Plusieurs facteurs sont à l'origine de la dégradation de la qualité de gestion des déchets. A l'instar de la non-application des pénalités à temps, il existe d'autres causes, notamment les lacunes relevées dans les cahiers des charges et les contrats signés avec les trois entreprises.
Aucune clause de l'actuel contrat n'exige en effet des trois prestataires le renouvellement de leur matériel ni le remplacement de celui défectueux par un autre neuf.
Nous nous sommes actuellement penchés sur cette situation. Le Conseil de la ville est en train de préparer de nouveaux cahiers des charges qui seront soumis à l'évaluation du Conseil pour les prochaines sessions de juillet. On prévoit aussi de lancer un nouvel appel d'offres au début du mois de septembre pour choisir l'entreprise qui va remplacer la société Veolea.
Le contrat est-il donc officiellement rompu avec Veolia ?Oui. Le contrat avec Veolea sera officiellement résilié avant la fin de l'année suite à une demande manifestée par le concessionnaire lui-même. Il faut reconnaître que cette entreprise n'est pas arrivée à honorer ses engagements, ce qui a fait subir à Rabat les conséquences d'un multinationalisme très hasardeux. En effet, l'entreprise a choisi de partir en étant consciente des conséquences de la rupture d'un tel contrat sur la qualité du service public.
Comment pensez-vous gérer le service de gestion des déchets durant la période précédant et suivant le départ de Veolia ?Nous menons actuellement des négociations assez difficiles avec cette entreprise afin d'identifier une gestion optimale de cette période transitoire. Cette gestion est d'ailleurs assurée en ce moment par les équipes du Conseil de la ville qui assurent actuellement le contrôle, le suivi et l'encadrement du personnel de Veolea et la gestion du matériel en attendant le départ définitif de cette société. Je tiens à informer, dans ce sens, la population résidant au quartier Hassan du déploiement de nouveaux conteneurs afin de garantir une meilleure propreté de ce quartier avant la collecte des ordures.
Qu'est-ce que vous avez prévu pour améliorer les prestations des autres sociétés délégataires ?Ce qu'il faut savoir c'est que le conseil a mis en place un nouveau plan de redressement afin de remédier à une situation qui devient de plus en plus préoccupante.
Ce plan de redressement prévoit l'élaboration de nouveaux termes de référence selon lesquelles il sera question d'identifier le mode de collecte approprié à chaque quartier, la spécification du matériel à utiliser, le mode de conteneurisation approprié à chaque secteur urbain et même les résultats attendus. Ces nouveaux termes seront donc intégrés dans le nouveau cadre contractuel que le conseil prévoit de négocier avec les sociétés délégataires. En effet, le Conseil renégociera chaque contrat avec les trois sociétés délégataires dans la perspective de trouver de nouvelles solutions pour la mise à niveau de leur prestation. Ainsi, les contrats feront objet de modification à travers l'introduction de nouveaux avenants qui fixeront d'une manière plus précise les standards de conteneurisation, la fréquence de collecte ainsi que de balayage.
La ville de Rabat a connu ces dernières décennies une augmentation démographique et un développement urbain qui a nécessité la mise à niveau de l’environnement et du cadre de vie.
Ainsi, le secteur des déchets solides a été fortement influencé non seulement par le changement de mode de vie, mais aussi par l’augmentation de la production des déchets ménagers et assimilés.
Face donc à ces mutations, les services communaux chargés de la gestion de ce secteur sont restés impuissants et n’ont pas pu suivre cette évolution à cause de l’absence d’un cadre organisationnel de ce secteur. Il s’en est suivi une dégradation de l’environnement et du cadre de vie des citoyens.
Cette situation a incité le Conseil de la ville à conclure des conventions avec trois sociétés délégataires en 2002 qui s’occupent depuis, de la collecte des ordures ménagères.
-* Le contrat avec Veolea sera officiellement résilié avant la fin de l’année, suite à une demande manifestée par le concessionnaire lui-même.
-* Le conseil a mis en place un nouveau plan de redressement qui prévoit l’élaboration de nouveaux termes de référence.
Lieferant / Quelle : Le Matin